Cultiver la sérénité : les 6 attitudes positives pour une grossesse épanouie
- Léonore Hermel
- 9 sept. 2024
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 17 févr.

Introduction
Je souhaite aborder ici certaines attitudes qu’il est intéressant de cultiver, non seulement parce qu’elles adoucissent notre quotidien, mais surtout parce qu’elles permettent de traverser les vicissitudes de l’existence avec plus de force. Ces quelques attitudes sont étroitement interconnectées et se nourrissent mutuellement. Par ailleurs, l’objectif de cet article est également d’observer ces attitudes positives à travers le prisme de la périnatalité, afin de déterminer leur pertinence et leur valeur au cours de cette période particulièrement singulière.
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L’esprit du débutant

L' esprit du débutant, aussi appelé 'shoshin' en japonais, est un concept qui nous invite à aborder chaque chose avec un regard neuf, comme si nous la découvrions pour la première fois. Adopter cet état d'esprit revient à reconnaître que chaque chose (soit chaque personne, chaque situation, chaque lieu, chaque événement…) possède une singularité et une richesse qui lui est propre. En embrassant cette perspective, nous nous ouvrons à la nouveauté et à la découverte, en nous libérant des filtres de nos expériences passées, de nos jugements hâtifs et de nos stéréotypes. Ainsi, nous cultivons une curiosité authentique et un esprit ouvert, ce qui nous permet de mieux comprendre le monde qui nous entoure et d'interagir avec plus de discernement et de bienveillance.
L'esprit du débutant peut offrir une perspective enrichissante et profonde sur l'expérience de la grossesse et de l'accouchement. Il s'agit en effet d'un moment intense où le corps et l'esprit peuvent être engagés dans une réalité immédiate et sans filtre. Vivre l'accouchement avec l'esprit du débutant, c'est accueillir chaque sensation, chaque étape avec une conscience éveillée, en reconnaissant la singularité, voire la beauté de ce moment. C'est accepter de se laisser surprendre, de se connecter profondément à soi-même et à l'enfant qui naît, sans se laisser entraver par la peur, les récits d’autrui ou encore les attentes sociales. Chaque grossesse et chaque enfant sont uniques ! En cultivant l'esprit du débutant, la mère peut ainsi vivre la grossesse et l'accouchement comme une aventure authentique, où chaque instant devient une opportunité de croissance personnelle et d'émerveillement.
La confiance

La confiance en soi constitue un pilier fondamental du bien-être psychologique. Elle se caractérise par la certitude intérieure de pouvoir accomplir certaines actions, surmonter des situations particulières et atteindre ses objectifs. En somme, il s'agit de nourrir une profonde conviction en sa propre capacité d'agir et d'influencer positivement son existence.
Dans le contexte de la périnatalité, la confiance en soi revêt une grande importance. Elle suppose non seulement une profonde assurance en ses capacités physiques, mais également une conviction intime en sa faculté de donner la vie et en la force intérieure nécessaire pour y parvenir. En somme, cette confiance en soi et cette écoute de soi-même sont des piliers qui permettent à la mère de vivre une expérience périnatale plus harmonieuse, enrichissante et épanouissante.
La bienveillance

L'idée centrale réside dans le fait de se comporter envers soi-même avec la même bienveillance, compréhension et honnêteté que l'on accorderait à un ami cher et intime. Montaigne, à travers l'expression "cette amitié que l'on se doit", met en lumière l'importance de se traiter avec respect et indulgence, tout en préservant une intégrité morale envers soi-même. Cela implique de reconnaître ses erreurs sans se soumettre à un jugement impitoyable, d'accepter ses imperfections avec grâce et de se pardonner avec une compassion sincère.
La société impose souvent des standards de perfection aux femmes enceintes et aux nouvelles mères, les incitant à se montrer infaillibles. Pensons par exemple aux médias qui projettent souvent l'image idéalisée d'une femme enceinte épanouie, rayonnante, avec des formes parfaites, où seule la rondeur du ventre est mise en avant, suggérant un corps mince et harmonieux.
Ainsi, être bienveillante avec soi-même s’avère indispensable à bien des regards :
Sur le plan physique : Nous l’avons déjà dit, lors de la grossesse et du post-partum, le corps d'une femme subit d'importantes transformations, tant hormonales que physiologiques. Se montrer bienveillante envers soi-même consiste alors à respecter ses besoins. Cela peut signifier s'accorder du repos lorsque la fatigue se fait sentir, même si des tâches ménagères ou professionnelles semblent urgentes. Il s'agit également d'accepter les modifications corporelles, telles que la prise de poids, les vergetures. Toutefois, il est tout à fait normal de ne pas se sentir forcément comblée ou en harmonie avec son corps pendant la grossesse. Si certaines femmes traversent cette période avec un profond sentiment de plénitude, d'autres peuvent éprouver des émotions plus mitigées, et ces différentes expériences sont tout aussi légitimes et naturelles.
Sur le plan émotionnel : La période périnatale est marquée par des fluctuations émotionnelles intenses, amplifiées par les bouleversements hormonaux et les nouveaux défis de la maternité. Faire preuve de bienveillance envers soi-même signifie s'autoriser à éprouver et exprimer toute la gamme des émotions, qu'elles soient positives ou négatives. C'est accepter que les sentiments d'anxiété, de peur, d'incertitude ou même de tristesse font partie intégrante de cette transition. Plutôt que de les réprimer ou de les considérer comme des signes de faiblesse, il est essentiel de les accueillir avec compassion. Une telle attitude permet d'éviter l'auto-culpabilisation et de favoriser un climat intérieur de paix. Par ailleurs, il est primordial de reconnaître les symptômes de la dépression post-partum ou de l'épuisement émotionnel et de rechercher un soutien professionnel ou familial adéquat, sans honte ni crainte du jugement.
Sur le plan relationnel : Les attentes sociales, les traditions familiales et les avis extérieurs exercent souvent une pression significative. Dès l’annonce d'une grossesse, chaque détail devient sujet à commentaire : la manière dont une femme vit sa transformation physique, les décisions qu'elle prend quant à son alimentation, sa santé, et, bien sûr, les débats autour de l’allaitement, du portage ou encore des choix éducatifs futurs. L’enjeu est d’apprendre à se détacher de ces regards extérieurs pour écouter ses propres besoins et convictions. Chaque parent doit pouvoir décider en fonction de ce qui lui semble le mieux pour lui-même et pour son enfant, sans céder à la pression des opinions parfois contradictoires, voire culpabilisantes. Ce cheminement personnel est essentiel, car ce qui fonctionne pour une personne ne convient pas nécessairement à une autre.
Le non jugement

Adopter une attitude de non-jugement permet de prendre du recul en réalisant que la réalité dépasse les limites de notre propre perception. En cultivant cette perspective, nous apprenons à nous distancer de nos pensées, réalisant que nous ne sommes pas nos pensées et que les autres (ou les situations) ne correspondent pas non plus tout à fait aux représentations que nous nous en faisons. Cette prise de conscience de nos mécanismes mentaux et de nos schémas de pensée nous aide à éviter les pièges des jugements hâtifs et à ne pas s’attacher à des idées préconçues.
S'abstenir de tout jugement permet, dans le contexte de la grossesse, d'éviter les désillusions. Par exemple, si l'on s'attache à l'idée d'avoir une fille et que l'enfant à naître se révèle être un garçon, cela peut engendrer une déception considérable. De même, s’attacher fermement à l’idée de vivre un accouchement naturel peut entraîner une grande déception si la situation exige finalement de recourir à une césarienne ou toute autre intervention médicale (péridurale pour accélérer le travail…).
L’acceptation

L’acceptation est ici vue comme la disposition à accueillir les expériences internes et externes (pensées, émotions, sensations physiques, situations…) telles qu’elles sont, sans essayer de les modifier, les éviter ou les fuir. L’idée est que tenter de les contrôler peut finalement conduire à plus de souffrance. Il ne s'agit pas pour autant d’une résignation passive, mais d’une reconnaissance active et courageuse des réalités que nous expérimentons.
Dans le contexte de la périnatalité, l'acceptation joue un rôle fondamental en aidant une femme à naviguer à travers les imprévus souvent inhérents à la grossesse et à l'accouchement. Ces étapes, bien que souvent idéalisées, sont jalonnées de situations inattendues qui peuvent remettre en question les attentes initiales.
Par exemple, une femme découvrir lors d'une échographie que le bébé se présente en siège, compliquant les options pour l'accouchement. Ce type de situation nécessite souvent une adaptation rapide, que ce soit pour envisager une version par manœuvre externe, un accouchement par voie basse plus complexe, ou une césarienne planifiée.
Dans un autre contexte, la prématurité, qui peut survenir de façon imprévue, engendre non seulement des inquiétudes supplémentaires, mais modifie également le calendrier et les préparatifs des futurs parents. Elle les confronte à un accouchement anticipé et à la nécessité de faire face à une période de soins intensifs pour le nouveau-né.
D'autres imprévus courants incluent des complications de dernière minute, comme une rupture prématurée de la poche des eaux ou un retard de croissance intra-utérin, qui imposent des décisions médicales urgentes. L'accouchement lui-même peut également dévier du plan initial : une femme espérant un accouchement naturel sans intervention médicale peut finalement devoir accepter une péridurale, voire une césarienne d'urgence, face à des complications imprévues telles qu'une stagnation du travail ou une détresse fœtale.
Cette énumération n'a pas pour but d'accentuer les inquiétudes, mais de souligner l'importance de cultiver l'acceptation. En effet, l'adaptation favorise la résilience, laquelle repose sur la capacité à agir et à penser de manière appropriée, permettant ainsi de faire face aux événements de manière proactive et de ne pas (ou du moins autant que possible) se laisser submerger.
Je tiens par ailleurs à préciser que cela ne suppose en aucun cas de mettre de côté le projet de naissance. Celui-ci est au contraire essentiel pour que les souhaits de la mère soient respectés (dans la mesure du possible) par le personnel médical. Il s'agit toutefois de trouver un équilibre entre la projection de ses volontés concernant l'accouchement et l'acceptation de l'inattendu, variable inhérente à l’expérience de l'accouchement.
La patience

Faire preuve de patience consiste à accepter que les événements se déroulent non pas selon nos désirs, mais en accord avec le rythme propre de la nature. Nous vivons dans une ère d’immédiateté, conditionnés à exiger un « tout, tout de suite », et où la frustration d'un désir non comblé à l'instant se fait souvent sentir. Cependant, certaines choses requièrent du temps, à l'image de la plante qui a besoin de temps pour croître et s’épanouir. De même, un corps malade nécessite du repos pour retrouver sa vitalité, un apprentissage se perfectionne et s’affine au fil des répétitions.
Faire preuve de patience est préférable pour traverser les moments difficiles de la période périnatale, notamment lorsqu'une femme enceinte doit faire face à l'alitement ou aux défis d'une fin de grossesse éprouvante. Cette attitude offre une perspective de long terme, rappelant ainsi que ces inconforts (et les douleurs) sont temporaires et font partie d'un processus plus vaste de création de la vie. De plus, cultiver la patience favorise une meilleure préparation mentale et émotionnelle pour l'accouchement et la parentalité. L'arrivée d'un enfant est un bouleversement majeur qui nécessite d'être présent et attentif à ses besoins. Apprendre à être patient durant la grossesse prépare la future mère à gérer les imprévus et les défis qui se présenteront après la naissance, avec calme et résilience.